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LA TRADITION

D’APRÈS LA PHILOSOPHIE Cette étude de la notion de ‘Tradition’ est conçue d’abord pour poser les jalons indispensables à un approfondissement théologique. L’intérêt d'une telle étude apparaît aujourd’hui tout particulièrement dans le domaine de la liturgie. C’est pourquoi la seconde partie concernant la Tradition de l’Église se trouvera sur SKITA PATRUM . Nature et principes de la tradition Les principes des actes humains Cause finale Sujet ou cause efficiente Cause matérielle Objet Cause exemplaire Propriétés de la tradition : vie ou évolution organique Diverses sortes de traditions Erreurs et errements dans la tradition Suite de cette étude : La Tradition de l’Église On connaît la célèbre sentence d’Aristote, reprise par saint Thomas d’Aquin : ‘l’homme est naturellement politique’. On pourrait tout aussi bien dire ‘l’homme est naturellement traditionnel’. Toutes les sociétés, non seulement la Cité (société politique), mais aussi de simples communautés informel

LIBERTÉ CHRÉTIENNE

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Lire l'article précédent sur la liberté... Voir le plan général de cette étude... La liberté chrétienne La société antique était divisée entre hommes libres et esclaves. Saint Paul utilise analogiquement cette distinction pour expliquer que, par la Croix du Christ, le chrétien est libéré de la loi de l’Ancien Testament. La liberté chrétienne est donc d’abord l’état du chrétien dégagé des observances judaïques : Ga 2,4 : « Des faux frères intrus s'étaient glissés parmi nous pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire en servitude. » Rm 7,6 : « Mais maintenant nous avons été dégagés de la Loi, étant morts à la Loi, sous l'autorité de laquelle nous étions tenus, de sorte que nous servons Dieu dans un esprit nouveau, et non selon une lettre surannée. » Mais cette liberté ne signifie pas la licence. Ne plus être esclave de la loi de l’Ancien Testament ne signifie pas vivre sans loi. Libéré des observances de la Loi, le ch

LIBERTÉS MORALE ET POLITIQUES

Lire l'article précédent sur la liberté... Voir le plan général de cette étude... La liberté morale La liberté dans l’ordre de l’agir est celle de l’action morale et politique. On chercherait en vain chez saint Thomas d’Aquin l’expression ‘liberté morale’. Cette notion présuppose une morale de la loi, c'est-à-dire une morale fondée sur le respect d’une loi. Est moralement libre l’acte qui est permis par la loi, moralement obligatoire ce que la loi impose, moralement défendu ce qu’elle interdit... Une telle morale est tout d’abord celle de l’Ancien Testament, qui se compose d’un ‘Décalogue’, puis de tout un ensemble de préceptes et d’obligations. Mais telle n’est pas la morale des philosophes de l’antiquité, d’Aristote en particulier, ni la morale chrétienne, qui sont des morales du bonheur et de la finalité . La vie humaine a un but, à savoir le bonheur, ou fin ultime. L’homme ne vise pas à se mettre en règle avec une loi mais à progresser sans cesse vers la per

LIBERTÉ DE PENSÉE

Lire l'article précédent sur la liberté... Voir le plan général de cette étude... La liberté de pensée est une des revendications du monde moderne contre les anciennes autorités, en particulier contre l’autorité de l’Église. Elle fait partie intégrante des droits de l’homme que l’on oppose aux dictatures et aux totalitarismes. En fait, cette expression recouvre tout un ensemble de ‘libertés’, depuis la liberté intérieure de l’intelligence, jusqu’à la liberté d’expression journalistique et artistique, en passant par la liberté religieuse. Il convient d’abord de distinguer les choses et de mettre de l’ordre dans tout cet ensemble. De quoi s’agit-il ? Plan de l'article : Liberté intérieure de l’intelligence Foi et autorité Liberté objective Liberté et autorité dans la pensée Liberté d’expression Liberté de l’intelligence pratique La liberté de pensée Liberté intérieure de l’intelligence La 'liberté de pensée' doit être prise tout d’abord comme un cas

La LIBERTÉ 4

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Lire l'article précédent sur la liberté... Plan de l'article : Objet du libre arbitre Choisir entre des biens Liberté et nature Pouvoir, non pas indifférence Exercice et spécification Formation et éducation à la liberté Objet du libre arbitre Choisir entre des biens La volonté a pour objet le bien. Elle veut nécessairement, par essence, le bien en général et donc le bonheur. Mais, ce bonheur - dont il appartient à la philosophie pratique de rechercher la nature - requiert des biens particuliers que la volonté ne veut pas nécessairement. C’est parmi ces biens particuliers que le libre-arbitre doit choisir. Autrement dit, tout homme cherche naturellement le bonheur. C’est la volonté fondamentale de bonheur qui est principe de tous les actes de volonté. C’est en fonction de ce bonheur, et de la conception qu’il s’en fait, que l’homme prend les grandes et les petites décisions au cours de sa vie. Maître de ses actes il est amené à choisir des biens qu’il estime cons

La LIBERTÉ 3

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Lire l'article précédent sur la liberté... Plan de l'article : Nature du libre-arbitre Préalables : acte, puissance, habitus Le libre-arbitre est une puissance. Le libre-arbitre relève de la raison et de la volonté. Conclusion Nature du libre-arbitre Préalables : acte, puissance, habitus La vie des plantes et des animaux consiste en des opérations physiques et sensibles : produire des fruits, engendrer, se nourrir, croître, se déplacer, sentir, désirer, se réjouir, s’attrister. Pour l’homme on ajoutera : raisonner et vouloir, qui sont des opérations internes et insensibles, même si elles ont des conséquences sur les sens et les choses extérieures. En langage philosophique ces diverses opérations sont appelées des actes . On appelle puissance les facultés ou capacités qui sont les principes prochains, les sources immédiates de ces opérations. On est ainsi amené à distinguer : un sujet (plante, animal, homme) d’une part, et d’autre part ses puissances et ses actes

La LIBERTÉ 2

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Lire la première partie de cette étude... L’homme est-il libre ? — Existence de la liberté. Cette liberté est d’abord un fait d’expérience. Chacun perçoit en lui-même qu’il peut agir ou ne pas agir, faire ceci ou faire cela. Considérons d’abord le mot lui-même et la notion qu’il implique. ‘Arbitre’ vient du latin ‘arbitrari’ qui signifie juger, estimer. Les minéraux et les plantes n’ont aucun pouvoir sur leurs actions. Ils sont entièrement (ou presque) déterminés par les agents et le milieu extérieurs et par leur nature propre. En revanche les animaux manifestent une certaine spontanéité. Ils agissent d’eux-mêmes en fonction de leurs perceptions sensibles et de l’évaluation qu’ils portent sur leur environnement et sur les autres êtres vivants. C’est en fonction de ces estimations (arbitres) qu’ils agissent, que le carnivore poursuit sa proie, que le faible s’enfuit devant le fort, etc. Mais ces ‘estimations’ ou ‘jugements’ sont déterminés par leur instinct dans le cadre de leur

La LIBERTÉ 1 (tableau)

Lire l'article... Liberté-pouvoir Pouvoir de choisir ce qui est en vue d’une fin. La liberté est un pouvoir en vue du bien. L’acte libre procède de la raison et de la volonté. Il est fondé sur la nature et les inclinations naturelles au bien et au vrai. L’objet et la fin sont la cause extrinsèque de l’acte libre.  Le libre-arbitre est perfectionné par les habitus intellectifs et les vertus, donc par la doctrine, l’éducation, l’exercice... Liberté-indifférence Pouvoir de choisir entre des contraires, entre le bien et le mal. La liberté est un bien en soi. L’acte libre procède de la seule volonté. La liberté s’oppose à la nature et aux inclinations naturelles.       L’objet, et éventuellement la fin, ne sont que des conditions sine qua non . Tout ce qui pose une détermination dans la volonté est contraire à la liberté. Retour à l'article...

La LIBERTÉ 1

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Depuis l’époque moderne on n’a cessé d’exalter la liberté au point d’en faire l’essentiel de la nature humaine, de la considérer comme le but ultime tant de la vie individuelle que de la vie politique. Elle entre dans tous les champs de l’existence : morale, politique, économie, éducation, culture. Il semble qu’en tout c’est la liberté qui soit la valeur suprême. La conception que l’on se fait de la liberté conditionne toute l’orientation de la vie humaine. Au commencement de sa théologie morale, saint Thomas lui-même, à la suite de saint Jean Damascène, dit que l’homme est image de Dieu parce qu'il est « doué d'intelligence, de libre arbitre et d'un pouvoir autonome sur ses actes ( per se potestativum ) » [1] . Traiter de l’homme image de Dieu, c’est en traiter en tant qu’il est “le principe de ses propres actes parce qu'il possède le libre arbitre et la maîtrise de ses actes.” De fait, nos comportements religieux, moraux et politiques dépendent étroitement de no

Le LATIN, langue de Chrétienté 2)

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Lire le début de l'article... Une valeur de civilisation Une autre vérité se dégage de l’histoire, et celle-là est d’ordre littéraire et culturel. La vie de l'Église d’Occident est inséparable de la langue latine. Compositions liturgiques, homélies des Pères de l'Église, Renaissance carolingienne, Renaissance médiévale, Scolastique, Contre-réforme, actes du magistère : tout cet immense patrimoine théologique et littéraire, extraordinairement diversifié tant par le style que par le contenu, est latin. On ne peut y accéder que par la connaissance de la langue latine, à moins d’avoir recours à des traductions ou adaptations vulgarisantes et forcément appauvrissantes, voire déformantes. Ceci ne vaut pas seulement pour les chrétientés des pays de langue romane (Italie, France, Espagne, Portugal, …), mais encore pour les pays de langue germanique, dont la culture médiévale est remarquablement latine, et ce jusqu’à l’apparition du protestantisme. Ce règne du latin s’étend, d

Le LATIN, langue de Chrétienté 1)

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Le latin n’est pas seulement une langue ecclésiastique, une langue exclusivement sacrée. Il était pratiqué - et le reste encore - par des hommes de science ou de lettre en dehors de tout contexte religieux. Jusqu’au XIX e siècle toute œuvre scientifique, philosophique et théologique profonde était rédigée en latin. Cette langue était parlée couramment au Moyen- Âge par les lettrés et même jusqu’au XX e siècle par les érudits. Jusque dans les années soixante, son étude était considérée comme inséparable de toute éducation littéraire ou scientifique. Le latin était la langue des relations internationales avant d’être supplanté par le français, puis, plus récemment, par l’anglais. S’agit-il d’une évolution utilitaire, purement technique et matérielle ? N’implique-t-elle pas, au contraire, un choix de civilisation ? Les sources écrites de la civilisation chrétienne occidentale, tant dans le domaine sacré que dans le domaine profane, sont toutes latines ou transmises par la langue