Bien commun et "Bien vivre"


Le bien commun : communion 

dans la ‘vie bonne’

Deux extraits de Saint Thomas d'Aquin pour illustrer un passage important du De Regno.

Voir le plan général du De Regno...

Voir le plan spécial du deuxième livre De Regno...


« On a dit au premier livre, où il était question de l’économie et du gouvernement de la famille, que l’homme est naturellement politique ; c’est pourquoi les hommes désirent [naturellement] vivre ensemble et non pas en solitaires, ceci même au cas où quelqu’un n’aurait en rien besoin d’un autre pour mener une vie politique : car il y a une grande utilité dans la communauté de la vie sociale. Et ceci de deux manières :

Premièrement quant au ‘bien-vivre’ : chacun apporte sa participation, comme nous le voyons en toute communauté, où l’un sert la communauté par son office, l’autre par un autre, et ainsi tous vivent bien ensemble. Ce ‘bien vivre’ est donc éminemment la fin de la Cité ou de la société politique, et quant à tous pris ensemble, et quant à chacun en particulier.

Deuxièmement la vie commune est utile pour le ‘vivre’ pur et simple : chacun de ceux qui vivent en commun subvient à l’autre dans les besoins de la vie et contre les périls de mort. C’est pourquoi les hommes s’assemblent et conservent la communion politique, car le ‘vivre’ pur et simple, abstraction faite de ce qui constitue le ‘bien vivre’ est déjà un bien aimable, à moins qu’un homme souffre de choses graves et cruelles dans sa vie. Et ceci est manifeste du fait que les hommes, même s’ils ont beaucoup à supporter, persévèrent cependant dans cet amour de vivre comme attachés par une douceur naturelle à ce désir de vivre, comme si la vie était en elle-même une consolation et une douceur naturelle. » (Comm. in Polit. III, lectio 5, n387)

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« Ce n’est pas la communauté de lieu qui fait la Cité, mais c’est la communication dans le ‘bien vivre’, laquelle est constituée des familles et divers lignages en vue de la vie parfaite et par soi suffisante. […]
En effet, la Cité est la communication dans le ‘bien vivre’, composée de communautés diverses en vue de la vie parfaite et par soi suffisante. Or, c’est cela vivre dans le bonheur : vivre bien ou de manière heureuse dans la Cité, c’est agir pratiquement selon la vertu la meilleure. Il est donc manifeste que la communication politique consiste dans un communication dans les actions bonnes, ce qui est ‘vivre’ au sens plénier du terme. Il est donc évident que la fin pour laquelle la Cité bien ordonnée est constituée c’est vivre et agir selon la vertu, et non pas [seulement] vivre ensemble. » (Comm. in Polit. III, lectio 7, n411-412)


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